lundi 16 juillet 2012

Vel' d'Hiv'. Il y a 70 ans, 13.152 juifs arrêtés à Paris

La rafle du Vélodrome d'Hiver (16-17 juillet 1942), souvent appelée rafle du Vel' d'Hiv, est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale, essentiellement de Juifs étrangers ou apatrides réfugiés en France. En juillet 1942, le régime nazi organise l'opération « Vent Printanier » : une rafle à grande échelle de Juifs dans plusieurs pays européens. En France, le régime de Vichymobilise la police française pour participer à l'opération : à Paris, 9 000 policiers et gendarmes rafleront les Juifs. Le 17 juillet, en fin de journée, le nombre des arrestations dans Paris et la banlieue était de 13 152 selon les chiffres de la préfecture de police.


Deux ans avant la Grande Rafle du Vel d'Hiv menée sous le régime de Vichy, la République mène une première rafle au Vel d'Hiv. Celle-ci a lieu le 15 mai 1940, cinq jours après le début de l'invasion allemande. La Police de la République y emprisonne plusieurs milliers de femmes réfugiées, déjà citées comme "indésirables" dans les décrets du 12 octobre 1938, dont de nombreuses femmes juives allemandes et antinazies, qui ont fui les persécutions du nazisme depuis les années 30, et sont venues trouver asile en France. Il s'agit d'un enfermement massif délibéré. L'énorme vélodrome est transformé pour la première fois en centre d'internement. Les 5.000 internées y seront enfermées de une à trois semaines. Sans journaux. Sans communications. À l'intérieur, des militaires; à l'extérieur, la police. Rien pour se laver. Des toilettes rapidement bouchées et inutilisables - puis soumises au regard des policiers. Pas d'abri anti-aérien malgré un toit de verre, des alarmes, des déflagrations... Pas de ventilation. Un étouffoir « plein de paille, de peur, et de corps ». Le désespoir d'une trahison de la France "Terre d'asile"... et une terreur: tomber finalement aux mains d'Hitler. A manger et de l'eau toutefois, et aucune brutalité rapportée. Suspectées d'être des agents du Reich (même déchues de leur nationalité, titulaires de la carte de réfugiée en règle, voire naturalisées), les réfugiées allemandes sont considérées comme « ressortissantes » ennemies. Début juin, on expédiera encore des femmes au Vel d'Hiv depuis les hôpitaux, les commissariats. "Parmi nous, il y avait des femmes d'officiers et soldats français, des femmes volontaires qui se tenaient à disposition des organisations d'aide dans l'armée française; des femmes d'hommes politiques de Weimar connus et persécutés; des femmes qui s'étaient fait un nom à elles par leur engagement politique." (Elsbeth Weichmann, Zuflucht, Jahre des Exils, P. 82 et 84-85 (Albrecht Knaus)). Entre-temps, la rafle des « femmes allemandes », vraie singularité française, s'est étendue à toute la France. Les prisonnières sont transférées au camp de concentration français deGurs, dans le sud-ouest. Fin mai 1940, on note l'arrivée à Gurs de 9 771 femmes "indésirables", d’origine essentiellement allemande. Beaucoup mourront, soit à ce camp de Gurs dès le terrible hiver 1940, soit en déportation. Quelques-unes seront même reprises lors de la Grande Rafle de 1942.
De nombreuses femmes allemandes regroupées au Vel'd'Hiv ou en province figureront dans les rangs de la Résistance française, aux côtés d'hommes allemands, jusqu'à en constituer un quart en 1940/41. A de rares exceptions près, leur souvenir se perdra.
Malgré la présence parmi elles de personnalités, de féministes, d'intellectuelles, notamment Hannah Arendt (réfugiée en France en 1933 et internée au camp de Gurs en mai 1940 dont elle s'évadera), cette première rafle du Vel d'Hiv, perpétrée sous la IIIè République, reste un tabou français et une "orpheline" de la mémoire.


Le 16 juillet 1995, le président Jacques Chirac a reconnu devant le monument commémoratif la responsabilité de la France dans la rafle et dans la Shoah13. Il a notamment déclaré :
«  Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français.
Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 4 500 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.
Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissariats de police.
(…)
La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux.  »



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