C’est revenir à un propos commencé et interrompu par un incident quelconque ou à un projet abandonné dont on reprend la suite
On dit encore : Revenons à nos moutons pour indiquer qu’on va reprendre le fil d’une conversation suspendue par un incident quelconque. Ce proverbe qui date du XVe siècle caractérise tous ces gens qui n’ont qu’une seule idée à laquelle ils rapportent tout, en y revenant avec une infatigable persévérance.
On a fait remonter l’origine de ce proverbe à une ancienne pièce du théâtre français ayant pour titre : La farce de maître Pathelin, où un marchand drapier venait porter plainte contre un berger qui lui a dérobé des moutons. Mais le plaignant, M. Guillaume reconnaît dans maître Pathelin, l’avocat qui défend le berger, celui qui lui a volé une pièce de drap. Dans son trouble il s’interrompt souvent pour parler de la pièce de drap volé. Le juge ne comprenant rien à son galimatias et ne connaissant pas l’affaire de la pièce de drap, est forcé de l’interrompre souvent pour l’inviter à revenir à ses moutons.
Rabelais (XVIe siècle) a employé ce proverbe plusieurs fois (Livre Ier, chapitres 1 et 2 ; Livre III, chap. 33) et condamne toute digression intempestive dans un plaidoyer. Il ne faut pas omettre de citer les exemples que nous a légués l’antiquité sur ce sujet. A Athènes, le héraut qui appelait les orateurs pour parler devant le peuple, leur recommandait de le faire sans préambules et sans passions. Cicéron, dans une harangue, s’étant écarté de son sujet, a dit : Domum redeamus, ce qui veut dire : Revenons à notre maison. Voici sur ce sujet une imitation d’épigramme assez originale :
Pour trois moutons qu’on m’avait pris J’avais un procès au bailliage. Guy, le phénix des beaux esprits, Plaidait ma cause et faisait rage. Quand il eut dit un mot du fait, Pour exagérer le forfait, Il cita là fable et l’histoire, Les Aristotes et les Platons. « Guy, laissez là tout ce grimoire Et retournez à vos moutons. » france-pittoresque |
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